Diminution du Taux de Pauvreté de 30 %
Après son élection en 1991, Blaise Compaoré s’est attaqué au sous-développement chronique du Burkina Faso en initiant des réformes de libéralisation du marché destinées à réduire la pauvreté (281).
Alors que le pays était en faillite et enregistrait un déficit budgétaire colossale en 1987, le taux de croissance moyen du PIB entre 1990 et 2000 a été multiplié par cinq sous l’ère Compaoré (282). Le Burkina Faso est entré dans le XXIe siècle avec une croissance du PIB de 5,8 %, contre 2,3 % pour l’ensemble du continent africain (283).
Pendant ses deuxième et troisième mandats (1998-2005 et 2005-2010), le Président Compaoré poursuivit quatre objectifs principaux : 1/ accélérer une croissance inclusive et équitable, 2/ accroître l’accès des populations les plus vulnérables aux services sociaux de base, 3/ créer plus de revenus et d’emploi pour les populations les plus vulnérables et 4/ promouvoir la bonne gouvernance (284).
En 2000, le Burkina Faso a été l’un des premiers pays à établir un Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) (285). Dans son deuxième DSRP développé en 2004, l’objectif affiché était de maintenir la croissance supérieure à 6 % par an et de réduire la pauvreté de moitié en 2015, conformément aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) (286).
Le taux de pauvreté passe de 71 % en 1990 à 46,7 % en 2009. En 2014, 40 % de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté de 154 061 francs CFA, soit l’équivalent de 308 euros (287), tandis qu’en Afrique subsaharienne, 41 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté (288).
De 1996 à 2008, le Burkina Faso enregistrait la plus grande croissance du PIB par habitant de toute l’Afrique de l’Ouest, avec un taux de 2,8 % (289). Le PIB par habitant passait de 157 430 FCFA soit 240 US$ en 1996 à 262 383 FCFA soit 400 euros en 2006, soit une progression en terme réel de près de 30 % en 10 ans (290). Cette évolution positive s’est poursuivie entre 2007 et 2012, avec une hausse du PIB par habitant de 294 525 FCFA soit 449 euros à 395 542 FCFA soit 603 euros. Ce PIB par habitant restait néanmoins inférieur à la moyenne en Afrique (291).
Cependant, le Burkina Faso restait confronté à deux réalités. Premièrement, il figurait toujours parmi les dix derniers pays du classement, d’après l’indice de développement humain des Nations Unies (292). Deuxièmement, ses progrès économiques restaient toujours aussi vulnérables aux chocs extérieurs, notamment aux cours à l’exportation des produits de base, au prix de l’énergie, aux conditions météorologiques et au changement climatique (293).
Le chouchou des partenaires au développement
Dans un pays tel que le Burkina Faso où les besoins sont beaucoup plus importants que les ressources disponibles, seule une ambition solide et sincère peut faire une différence sur le long-terme dans la vie des plus démunis. L’administration de Compaoré a relevé ce défi ; elle a pris des risques afin de trouver de nouvelles manières de maximiser son développement et son impact. Selon certains analystes, le Burkina Faso a suivi un modèle de croissance différent et très original.
Le célèbre économiste Paul Collier aime raconteur l’anecdote suivante au sujet du Burkina :
« Lors d’une visite en République centrafricaine en 2001, il demanda aux membres du gouvernement qu’il conseillait d’identifier le pays auquel ils souhaitaient le plus ressembler dans 20 ans. Les ministres réfléchirent un instant, puis s’exclamèrent comme un seul homme : sans conteste, le Burkina Faso, le Burkina Faso ! »
Paul Collier dans The Bottom Million, 2008
Cela ne surprit pas Collier: « Le Burkina avait su évoluer au mieux malgré sa situation enclavée.» Les gouvernements successifs de Compaoré ont mené de profondes réformes tout en préservant une politique économique rigoureuse. De 2007 à 2012, l’inflation est restée modérée (moins de 3 %). Le décollage économique du Burkina Faso reposa sur ce que les économistes appellent une « stabilité dynamique(294). »
En reconnaissance de la bonne gouvernance et des importantes réformes macroéconomiques engagées, l’Agence gouvernementale américaine Millennium Challenge Corporation (MCC) a signé avec le Président Compaoré, à Washington, en 2008, un accord portant sur l’octroi de 315,5 milliards FCFA soit 480,94 millions US$ au Burkina Faso pour une durée de cinq ans (295). Le MCC octroie des ressources aux pays africains qui ont fait preuve de bonne gouvernance et de politiques économiques ambitieuses (296).
Le Burkina Faso était peu à peu devenu le centre de l’attention de la communauté des donateurs. Face au manque de ressources disponibles, le Président Compaoré était parfaitement conscient de l’importance de l’aide extérieure. Pendant 27 ans, il s’est efforcé de tisser des relations de confiance avec les partenaires tout en diversifiant la coopération avec l’extérieur.
Le Burkina Faso bénéficiait également de la présence sur son sol de plus de 16 000 ONG nationales et internationales, ce qui s’explique notamment par l’histoire du pays, ses bonnes conditions de travail, la sécurité existante et son administration plutôt efficace (297).
Un modèle de croissance différent
Dans un pays comme le Burkina Faso, où les besoins dépassent de loin les ressources disponibles, seule une volonté réelle et résolue pouvaient faire la différence à long terme dans la vie de plus pauvres. Compaoré a relevé le défi, prêt à prendre des risques et à identifier des nouvelles mesures susceptibles de soutenir la croissance. Certains analystes estiment que le Burkina Faso a suivi un modèle de croissance différent (298).
En effet, après être devenu dans les années 1990 la capitale du cinéma, du théâtre et du design africains, Ouagadougou, la capitale du pays, s’est imposée à partir de 2000 comme le centre des initiatives de paix et de la diplomatie en Afrique subsaharienne (299).
Le gouvernement Compaoré a également réformé et libéralisé la filière coton, faisant ainsi du Burkina Faso le plus grand producteur de coton conventionnel ainsi que de coton bio du continent (300). En 2003, le Burkina Faso a été le premier pays d’Afrique à se lancer dans la culture du coton Bt à titre expérimental.
Ce choix était principalement dicté par la recherche de rentabilité, mais aussi par la volonté de réduire les risques que présentent les pesticides pour la santé et l’environnement. En 2007-2008, le coton transgénique était devenu populaire et en 2009-2010, il couvrait 120 000 hectares (301).
Représentant 20 % des exportations totales, le coton est resté le principal produit exporté par le Burkina Faso depuis son indépendance en 1960 jusqu’en 2009, année à laquelle l’exportation de l’or l’a supplanté (302).
Sous Compaoré, le Burkina Faso a adopté un code des investissements pour la production de l’or, qui a connu une hausse importante, passant de 754 kg en 2007 à 30 tonnes en 2012, plaçant ainsi le Burkina Faso au troisième rang des producteurs d’or africains. En devenant le premier produit d’exportation national, l’or a davantage contribué à la croissance du PIB, passant de 0,1 % en 2007 à 1,2 % en 2011 (303).
2010: Parmi les 17 pays émergents de l’Afrique subsaharienne
Lors des quatre dernières années du mandat présidentiel de Blaise Compaoré, la croissance économique du Burkina a frôlé les 8 % grâce à la hausse de la productivité agricole, du tourisme et des investissements publics dans les infrastructures et le logement (304).
L’augmentation des recettes fiscales et de l’aide publique au développement lors de cette période ont permis au gouvernement de faire davantage de dépenses d’investissement dans les travaux publics et le développement agricole pour accroître la résistance du pays aux chocs extérieurs, stimuler la demande et offrir des opportunités d’emploi (305).
En 2010, le Burkina Faso a fait son entrée dans la catégorie des 17 pays émergents de l’Afrique subsaharienne (306). Les dépenses sociales ont atteint 7,5 % du PIB en 2012, contre 4,8 % sur la période 2000-2006 (307). Les autorités ont multiplié les mesures de lutte contre la pauvreté, notamment en construisant des cantines scolaires et en instaurant des aides financières pour les personnes âgées et des programmes de sécurité alimentaire (308).
Dans le cadre de sa Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD), le gouvernement avait massivement investi dans le développement agricole, qui jouait un rôle crucial dans la réduction de la pauvreté (309). Les investissement représentaient en moyenne 11 % du PIB entre 2007 et 2012, un taux bien supérieur à la moyenne régionale (310).
Dans son rapport sur le Burkina Faso de 2013, International Crisis Group écrivait :
« Pays pauvre, le Burkina est pourtant doté d’un réseau routier bien entretenu et fonctionnel, de bonnes télécommunications, d’un approvisionnement en électricité régulier et d’une administration consciencieuse et rémunérée avec régularité »
La bataille de Compaoré à l’OMC
Malgré les progrès accomplis, le Burkina Faso reste confronté à d’immenses défis tels que l’explosion démographique et une forte urbanisation. Il a connu l’une des plus rapides croissances de la population urbaine de tous les États d’Afrique de l’Ouest, avec une progression de 6,2 % sur la période 2010-2015 (312). Pres de la moitié de la population de 20 millions citoyens, a moins de 15 ans.
« Un meilleur accès aux routes, à l’électricité ou à l’eau ne donne pas aux personnes les plus démunis le sentiment d’être moins pauvres.
Seule une croissance durable et soutenue peut assurer de meilleurs revenus aux couches les plus pauvres. Il est vital de faciliter l’accès des produits africains au marché mondial (313) »
Blaise Compaoré
Le coton et le sucre jouent un rôle essentiel dans la réduction de la pauvreté en Afrique de l’Ouest. Blaise Compaoré, présidant le Groupe Coton-4 (composé du Bénin, du Burkina Faso, du Mali et du Tchad) a plaidé auprès de l’ Organisation mondiale du commerce (OMC) en faveur de règles commerciales plus justes et pour des échanges commerciaux plus équitables (314).
Par exemple, entre 2002 et 2009, les États-Unis ont dépensé 20 milliards de US$ soit 13 mille milliards en subventions octroyées à près de 10 000 cultivateurs de coton américains ; c’est-à-dire 2 millions de US$ soit 1,3 milliards de FCFA par cultivateur (315).
Pourtant, la sortie de l’extrême pauvreté de millions de producteurs africains de coton dépend du revenu de leur production et de leur travail totalement altéré par le non-respect des règles du commerce international. Lors d’une vidéoconférence en octobre 2006, le Président Compaoré exhorta les membres du Congrès américain de respecter les règles du commerce mondial, pour la survie des paysans africains les plus pauvres (316).