Tolérance religieuse et Paix sociale
Le célèbre indice Global Peace Index qui évalue le degré de tensions sociales et l’absence de violences au sein de 162 pays, classa le Burkina Faso parmi les 5 meilleurs pays africains de 2008 à 2014, devançant, de loin, les autres pays d’Afrique (212). Après le départ de Compaoré, le classement du pays s’effondra, passant de 48ème en 2014 à 88ème en 2016 (213).
Compaoré, très attaché au principe de laïcité de l’état, s’appliquait à maintenir l’équilibre et préserver l’harmonie dans un pays peuplé à 62 % de musulmans, 23 % de catholiques, 4 % de protestants et 7 % d’animistes (214) ; il y parvenait notamment en favorisant la participation des chefs traditionnels et religieux aux débats sur la vie politique et les questions de société.
L’école publique est laïque, mais l’enseignement dans le privé est de plus en plus confessionnel. En 2014, plus de 60 % des écoles privées étaient des madrasas. En considérant les madrasas comme essentielles pour parvenir à une éducation universelle, le gouvernement Compaoré mit en place le programme PREFA afin de renforcer la qualité de l’enseignement prodigué par ces écoles, tout en s’assurant du respect de l’égalité des sexes et des valeurs burkinabè telles que la tolérance (215). La Banque Islamique de Développement (BID) était un partenaire important du PREFA.
Tolérance ethnique
La fascinante carte de la tolérance ethnique et raciale en 2013, publiée par le Washington Post plaçait le Burkina Faso en tête de l’Afrique. Plus de 60 ethnies différentes cohabitaient pacifiquement grâce à l’attention particulière portée à chacune d’entre elles, phénomène rare en ce monde du XXIe siècle (216). Selon un principe officieux, le partage des postes au sein du gouvernement et de l’administration était réparti de façon relativement équitable entre les différents groupes ethniques (217).
Droits des minorités
Les droits des minorités étaient généralement respectés sous la présidence Compaoré (218). Les relations homosexuelles entre hommes et entre femmes étaient légales au Burkina Faso et, depuis 1996, la majorité sexuelle était la même pour les deux sexes. Le mariage homosexuel n’était pas légal (219).
Droits des femmes
Bien que la discrimination en matière de genre fût illégale, elle restait, dans les faits, fréquemment pratiquée, surtout en milieu rural. Compaoré a personnellement promu le rôle des femmes dans la vie publique : Wikileaks (220).
En 2009, une loi fixa par décret, à 30 %, le quota minimum de parité homme-femme, pour les élections législatives et municipales. En outre, les femmes victimes de violences ou de violations de leurs droits pouvaient bénéficier d’une assistance juridique gratuite et des bourses d’études étaient accordées aux filles. La discrimination positive dans différentes sphères de la vie publique allant de l’accès aux universités au monde de la politique n’était pas le seul moyen d’œuvrer en faveur de l’égalité pour les femmes; le code de la famille de 1998 améliora le statut judiciaire et la protection sociale des femmes et enfants.
Des textes juridiques révisant le droit à la propriété, notamment à la propriété des terres agricoles, accordèrent les mêmes droits aux femmes et aux hommes (221).
Violation des droits de l’homme
Mutilations Génitales Féminines (MGF) : L’engagement personnel de Blaise Compaoré et de son épouse Chantal plaça le Burkina en tête du combat contre l’excision (222).
“Le combat contre l’excision mené avec succès par le Burkina Faso afin d’éradiquer les MGF montre l’exemple auprès de la communauté internationale et du reste de l’Afrique. Je suis venue au Burkina Faso pour apprendre de cette réussite”
Lynne Featherstone
Ministre britannique du Développement international
Le 30 janvier, 2014
Grâce au soutien financier et juridique du gouvernement, ainsi qu’à l’implication de plus de mille personnes aux niveaux national, provincial et local, la pratique des MGF était sur le point d’être éradiquée, du fait des sévères sanctions adoptées mais également du changement d’attitude des juges, de la police et de la population en général (223).
Le programme gouvernemental “Tolérance Zéro” s’est avéré très efficace. Les associations de défense des droits de l’homme enregistrèrent une baisse significative des cas de MGF depuis que l’excision fut décrétée criminelle en 1996 et donc relevant du droit pénal (224). D’autres ONG, représentants de gouvernements et intellectuels engagés dans la lutte contre les MGF dans d’autres pays africains se rendaient au Burkina afin de s’inspirer de son expérience pour identifier les méthodes les plus adaptées pour lutter contre les MGF (225).
Chantal Compaoré a personnellement promu et soutenu la Résolution N° A/RES/67/146 de l’ONU, adoptée le 26 novembre 2012, visant à intensifier l’effort international dans la lutte contre les MGF (226).
Violences militaires et policières : les défenseurs des droits de l’homme au Burkina Faso ont dénoncé à maintes reprises les abus commis impunément par les militaires et la police. La police faisait régulièrement usage excessif de la force et ne tenait insuffisamment compte des limites légales à la détention provisoire. La condamnation en août 2011 de trois officiers de police accusés d’avoir torturé à mort un étudiant dénommé Zongo fut saluée comme une avancée importante face à ces dérives : Amnesty International (227).
Numéros verts : l’administration de Compaoré mit à disposition de ses citoyens des numéros verts, anonymes et gratuits, pour dénoncer les actes de violation des droits de l’homme tels que les mutilations génitales féminines (228) et les cas de violence faites aux enfants. En ce qui concerne ces derniers, les autorités enregistrèrent 1 815 appels en 2013 (229).
Traite des êtres humains : en juillet 2005, le Burkina Faso signa un accord de coopération multilatéral afin de combattre le trafic d’enfants. Dans le même temps, le gouvernement a continué de prendre des mesures significatives dans la lutte contre la traite des personnes, dont celle des enfants (230).
L’enseignement des droits de l’homme obligatoire à l’école : depuis 2014, des cours sur les droits de l’homme font partie intégrante du cursus scolaire dans les écoles primaires du pays (231).
Droit à manifester
Le Burkina Faso connut de nombreuses manifestations, qui ne furent interdites qu’en de rares occasions sous l’ère Compaoré (232).
Le pays connut d’importantes manifestations à partir de 2011, dont celles de juin et juillet 2013 contre la modification de la Constitution et la création d’un nouveau Sénat. Elles parvinrent à faire reculer la création du Sénat (233).
Des protestations étaient attendues suite à l’annonce, le 21 octobre 2014, du projet de loi controversé relatif au changement de l’Article 37 de la Constitution qui permettait à Compaoré d’effectuer un cinquième mandat ; malgré cela, Compaoré autorisa toutes les manifestations à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, à partir de cette date du 21 octobre jusqu’au couvre-feu instauré le 30 octobre (234).
Cette totale liberté de manifester sous la présidence de Compaoré fut reconnue par Freedom House (235).
Société civile
La liberté d’association a permis le développement d’un tissu associatif particulièrement dense, avec 140 000 associations en 2008 (236), témoignant de la vitalité de l’expression démocratique sous l’ère Compaoré pour ce qui est des droits et des libertés civiques et politiques.
Les principaux groupes de pression en 2014 et leurs leaders selon Freedom House (237) :
- Balai Citoyen [Herve KAM]
- Confédération Générale du Travail du Burkina ou CGTB [Bassolma BAZIE]
- Mouvement Burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples ou MBDHP [Chrysigone ZOUGMORE]
- Société Burkinabè de Droit Constitutionnel ou SBDC [Abdoulaye SOMA]
- Centre pour la Gouvernance Démocratique ou CGD [Thomas OUEDRAOGO]
- Syndicat Autonome des Magistrats du Burkina (SAMAB)
- Syndicat National des Travailleurs de la Santé Humaine et Animale (SYNTSHA)
- Syndicat National des Travailleurs de l’Éducation de Base (SNTEB)