2011, la Crise

La crise de 2011 : mutinerie dans l’armée

Le régime Compaoré vacilla pour la première fois lors d’une mutinerie de l’armée en avril 2011. Deux évènements précurseurs en 2006 furent à l’origine de cette mutinerie qui provoquèrent un sentiment de rancœur dans les rangs de l’armée (425).

Premièrement, en janvier 2006, des soldats à la retraite manifestèrent contre leurs conditions de vie, protestant notamment contre une retraite à l’âge de 40 ans, jugé trop précoce pour une mise en inactivité.

Deuxièmement, début 2006, des incidents très violents éclatèrent entre la police et l’armée suite à un règlement de comptes entre policiers et militaires après une agression de policiers sur des militaires lors d’une manifestation culturelle (426).

Dans un tel climat de tensions et de frustrations, la corruption au sein des élites de l’armée et les insuffisances dans le processus de recrutement firent le lit d’une indiscipline grandissante parmi les militaires (427).

Quand le décès de l’élève Justin Zongo, le 20 février 2011, lors d’un interrogatoire de police à Koudougou déclencha une vague des protestations des jeunes dans plusieurs villes, une mutinerie au sein de l’armée s’ensuivit (428).

L’Association nationale des étudiants du Burkina (ANEB) organisa une marche le vendredi 11 mars 2011, dont l’objectif était de remettre une déclaration au  directeur général de la police nationale (DGPN) (429). Cette manifestation dégénéra en confrontations violentes avec la police. Certains éléments de l’armée profitèrent de cette crise pour lancer une mutinerie, perpétrant de graves actes de vandalisme (430)

La mutinerie s’étendit à tout le pays, instaurant un climat de grande insécurité (431). En effet, lorsque la mutinerie éclata en 2011, les soldats refusèrent de discuter avec leurs supérieurs hiérarchiques. Toutefois, des discussions ont eu lieu entre un groupe de soldats et le général Honoré Traoré au camp militaire Sangoulé Lamizana.

Après plusieurs jours de troubles pendant lesquels les mutins pillèrent des magasins, bloquèrent des rues et violèrent plusieurs femmes et mêmes des religieuses (432), cette rébellion fut finalement matée par le Régime de sécurité présidentielle (RSP), et les derniers coups de feu tombèrent à Bobo – Dioulasso.

Pour résoudre la crise, Blaise Compaoré multiplia les rencontres avec les chefs militaires et les hommes de rang, avant de décider du limogeage de tous les chefs d’état-major hormis le général Gilbert Diendéré, son Chef d’État-major particulier. Des centaines de soldats furent arrêtés et jugés en 2012, et des réformes radicales furent mises en place au sein de l’armée (433).

Par ailleurs, très vite, Blaise Compaoré rencontra le général Honoré Traoré afin de discuter de la situation. Le général Honoré Traoré devint le nouveau Chef d’État-major général des Armées, et dès le 20 avril 2011, le Président Blaise Compaoré occupa aussi la fonction de Ministre de la Défense (434). Le calme revint définitivement dans les rangs de l’Armée suite à la décision de limoger 566 mutins dont 346 furent déférés devant la justice et incarcérés (435).

Quant à l’affaire Justin Zongo, fait déclencheur de la crise de 2011 : le procès de trois policiers inculpés s’est tenu le 22 août 2011. Ils furent condamnés à 8 et 10 ans d’emprisonnement ferme (436)

Le général Honoré Traoré prit le pouvoir le 31 octobre 2014 (437). Il fut destitué le lendemain par le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, qui s’autoproclama premier chef d’État de la transition, 1er novembre 2014, devenant ainsi Président du Faso (438).